Une
interview dans
LA MARSEILLAISE pour
la sortie de leur 1er album
- 11 juin 2006
ELEKTROLUX
- Interview
DE
L'ELECTRICITE DANS L'ERE
Après
deux maxi, le trio marseillais Elektrolux, s'autodéfinissant
comme un Soviet musical jouant du Soviet twist sort
sa première galette: ça méritait bien quelques
explications. Rencontre avec Cédric, chanteur-guitariste.
On
a beau chercher, y a pas de nom de label sur la pochette...
Le
disque est totalement auto-produit, ce sont les cachets et les ventes
des précédents disques qui l'ont financé. On a
cette envie de tirer les ficelles nous mêmes, de ne pas être
dépassé à un moment donné ou un autre, on
ne veut pas qu'Elektrolux nous échappe, tant au niveau musical
que visuel. Pour reprendre une terminaison marxiste, il y a une force
de travail derrière tout ça et c'est nous qui la gérons.
Les
visuels, justement, sont assez drôles: la pochette figure trois
Elvis barrés d'une étoile, du marteau et de la faucille...A
l'intérieur, c'est sous l'éfigie de Marx que vous êtes
représenrés...
Elvis,
c'est l'icône du rock par excellence, c'est l'Amérique
aussi. Musicalement, on vient de là,mon père écoutait
Elvis...Et puis, il y a les visuels inspirés de la propagande
soviétique qui m'ont toujours fascinés. De ce côté-là,
il y a un fond qu'on peut défendre, on sait de quoi on parle,
ce qui ne empêche pas de le faire avec beaucoup de second degré.
Finalement, on est des enfants de la guerre froide...
Le
rock passe son temps à mourir et à ressuciter, vous en
pensez quoi ?
Disons
que l'esprit du rock n'est ni né ni mort. Tout ça tient
à la viscéralité d'un mode d'expression..
Malgré
tout, le rock peut-il vieillir ?Le
rock oui, par contre ceux qui le font....Comment Jagger peut-il encore
chanter I can't get no satisfaction alors qu'il est pété
de thunes ? C'est un mystère... Mais bon, entre l'underground
et Iggy Pop qui finit par faire des pubs pour SFR, il y a une marge.Tu
peux continuer à faire ton travail sans te compromettre, c'est
une question de choix.
Pourquoi
tant de rage ?
La
rage ? Je ne sais pas, c'est sûrement un besoin d'exutoire. Et
puis, on va pas tricher, c'est comme ça qu'on est le plus à
l'aise. Pourtant, on a une vraie curiosité, en tant qu'auditeur.
Par exemple, les accords que j'utilise viennent du jazz, certains morceaux
répétitifs peuvent ressembler à de la techno. Le
but est que ces influences ne s'entendent pas, qu'elles forment un tout
indissociable dans notre musique.
L'album,
vous l'avez enregistré comment ?
La
basse et la batterie ensemble, la guitare et la voix ensuite. C'est
plus facile, ça permet de gagner du temps.
L'équipement
Elektrolux ?
Du
vieux matos, des amplis à lampes, pas de pédale, juste
la saturation de l'ampli.
Et
Elektrolux alors ?
Ca
vient de la marque d'éléctroménager que je croyais
disparue: j'aime le design des objets des années 50, et puis
il y avait l'idée de l'électricité dans le nom,
cette expression épileptique et sexuelle du rock...Sinon, on
a changé le C en K, internet oblige, sinon les gens vont visiter
des sites à la gloire des frigos et autres mixeurs..
Vous
vous définissez comme un soviet musical, c'est à dire
?
On
fonctionne comme un soviet des débuts, avec le collectivisme:
on met tout en commun, les profits sont redistribués au sein
du truc. L'argent, c'est juste un outil. C'est cohérent pour
nous, on a lu Marx, on défend l'idée que c'est pas un
truc un ringard, on n' est pas d'accord avec toutes ces conneries sur
la fin de l'histoire. Il y a toujours les mêmes raisons de se
révolter: les critiques du capitalisme de Marx sont toujours
d'actualité. On se revendique pas communistes, on n'est pas encarté,
mais il y avait du bon dans tout ça, faut pas l'oublier.
L'album
est court, les morceaux aussi, pourquoi ?
C'est
suffisant comme ça: les morceaux suivent une pente naturelle.
Ce qui est marrant, c'est qu'on travaille lentement, on cogite beaucoup
en répèt...
La
scène rock marseillaise est en pleine ébullition...
Faut
dire qu'on était tous morst de faim ! Sinon, il y a un drôle
de paradoxe: il y a de moins en moins de têtes d'affiche qui descendent
à Marseille. Par contre, il y a de plus en plus de petites structures
qui se créent, de salles, ce qui finalement est très bien
comme ça...
(Propos
recueillis par Reno VATAIN)